i Jean de Serres (1540-1598) Olivier de Serres


Jean de Serres, était le frère cadet d'Olivier de Serres. 
Il épousa, le 25 avril 1569, à Genève Marguerite de Godarri, issue d’une célèbre famille lorraine.
Marguerite de Godari, était en effet la fille de l'ingénieur militaire Pierre Godari et de Bernardine Richier, et surtout, la petite fille du sculpteur Ligier Richier (Saint-Mihiel 1500 - Genève 1567).
Jean de Serres eut neuf enfants.

Il a suivi très jeune, âgé à peine de 13 ans, une formation d’humaniste au collège de Lausanne, avant de s’inscrire pour sa formation de pasteur et de théologien à l’académie de Genève, l’année même de sa création, en 1559, sous le nom de Joannes Serranus Vivariensis, le recteur étant Théodore de Bèze.

Il obtint son premier poste de pasteur à Jussy, aux environs de Genève, en juillet 1566. Parallèlement à son ministère, il entreprend d’écrire l’histoire des guerres de religions ; il demande fréquemment, à la compagnie des pasteurs, des autorisations d’absence, et va jusqu’à déménager sans autorisation, ce qui lui vaut des sanctions disciplinaires, et son départ pour un second séjour à Lausanne, de 1572 à 1578, comme principal du collège. Durant cette période, il traduit en latin les œuvres de Platon qui seront imprimées par Henri Estienne dans une édition de référence très estimée.

Nommé pasteur à Nîmes, de 1578 à 1589, il y dirigeait à la fois le collège et exerçait le ministère de pasteur.
Nommé pasteur à Orange, de 1589 à 1598, il fut moins un « défenseur de la tolérance religieuse » (concept mis en œuvre surtout au 18e siècle) qu’un partisan de la réunion des deux confessions, catholique et calviniste, ce qui lui valut la réprobation de ses coreligionnaires et une réputation de renégat, dont certains écrivains contemporains colportent encore cette légende. Il fut un représentant zélé des Églises de Languedoc auprès d’Henri de Navarre.

Fait prisonnier lors d'une trève, en juillet 1592, par M. de Saint Roman, le chef des ligueurs, il fut libéré en fin 1593, après avoir payé une rançon de 8000 écus et s'être fait dérober la somme de 10 000 écus qu'il portait sur lui. Henry IV condamnera cette prise et s'engagera à rembourser la rançon.

En 1596, il devient historiographe du roi de France Henri IV, poste qu'il n'occupera que deux ans. Il meurt à Orange le même jour que son épouse, le 19 mai 1598. Tous deux sont probablement morts de la peste qui sévissait alors.

Olivier de Serres et Jacques Valleton deviennent alors cotuteurs et prennent en charge les neuf enfants que laissent Jean de Serres et son épouse. 
C'est pour s'occuper de la tutelle de ses neveux qu'Olivier de Serres se rend à Paris où il rencontre le roi Henry IV et publie son oeuvre, le Théâtre d'agriculture et mesnage des champs.
Cette tutelle durera jusqu'à la mort d'Olivier de Serres et sera pour lui la source de nombreux soucis, de dépenses et de procès.

Jean

La signature de Jean de Serres

 

i Son oeuvre


Jean de Serres laisse une œuvre considérable :

  • d’historien (Inventaire général de l’Histoire de France, Mémoires sur la guerre civile, Vie de Gaspar de Coligny),
  • de théologien (Sur l’immortalité de l’âme, Projet pour la réunion des deux religions en France),
  • d’homme de lettre (poésie, traductions latines et grecques),
  • voire de polémiste (Anti-jésuites, Légende de Sainte Catherine de Médicis)
  • et de soutien au Roi Henri IV (Vœu pour la prospérité du roy et du royaume, Pour la paix de l’église et du royaume.

iUn cas suspect de peste

La mort du pasteur et historiographe Jean de Serres, en 1598, a longtemps fait l'objet de calomnies. Les documents retrouvés aujourd'hui
démentent la rumeur selon laquelle il aurait été assassiné par ses coreligionnaires de l'église réformée. La confrontation de plusieurs sources a
permis de rassembler des arguments cliniques et épidémiologiques qui nous conduisent à proposer l'hypothèse d'un cas suspect de peste. Alors
que Jean de Serres présente les premiers symptômes de la maladie à Saint-Marcellin au retour d'une mission à Grenoble, il rentre à Orange et meurt d'une " fièvre chaude, le même jour que sa femme tandis que sa famille et son laquais se trouvent malades.
          In Vidal Dominique, Vidal-Balcon Marie-Elisabeth, Saint-André Alain, La mort du pasteur Jean de Serres, historiographe du Roi : un cas suspect de peste, à l’époque de la peste en Dauphiné, en 1598. Revue du Vivarais, CXVII, n°3, 2013, 129-143.

iLe Tombeau poétique de Jean de Serres

         Le Tombeau poétique de Jean de Serres, imprimé à Montpellier en 1598 par Jean Gilet, est un document exceptionnel redécouvert récemment à la Bibliothèque municipale de Grenoble. Cet ouvrage, absent de la plupart des catalogues des bibliothèques de France et de Suisse, était inconnu des biographes du pasteur d’Orange. A côté du témoignage poétique conforme au genre littéraire de la Renaissance, ce document apporte des éléments attestant de sa fidélité à la religion réformée et contredit les calomnies à son sujet.

       VIDAL Dominique. Le Tombeau poétique de Jean de Serres, historiographe du roi, imprimé en 1598 à Montpellier, pour contrer l’oubli et la calomnie. Bulletin de la Société de l’Histoire du Protestantisme Français. 2013, Tome 159, 609-622. Voir dans nos archives réservées.


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